Suisse numérique • Les médias sociaux sont le nouveau terrain privilégié pour toutes les formes de propagande. L’éducation aux médias est devenue un enjeu de sécurité nationale pour le gouvernement suisse. Au-delà du cercle familial et scolaire, ne faudrait-il pas développer les compétences médiatiques de toute la population?
Article publié initialement dans mon blog «Education et médias» (portail de L’Hebdo) le 18 juillet 2016. Cette chronique a été publiée dans L’Hebdo N° 29 de juillet 2016.
Les enquêtes sur les attentats terroristes en Europe ont révélé qu’internet et les médias sociaux jouent un rôle primordial dans les processus qui conduisent leurs auteurs vers le fanatisme et la violence. Ces canaux de communication sont devenus le moyen privilégié pour propager des idées, créer des communautés de pensée, recruter des adeptes, susciter des massacres. A visage découvert ou anonymement tout un chacun peut faire circuler des contenus sur la Toile, rapidement et simplement. Les médias sociaux sont le nouveau terrain privilégié pour toutes les formes renouvelées de propagande.
En Suisse, l’Office fédéral de la police (fedpol) collabore avec les grands opérateurs de médias sociaux (Google, Facebook et Twitter) pour faire effacer les contenus glorifiant le terrorisme et la propagande incitant à la violence. La collaboration avec ces opérateurs devrait se poursuivre par l’échange d’informations et la recherche de solutions permettant la collecte rapide de données (communiqué du Conseil fédéral du 2 novembre 2015).
Cependant, comme le reconnaît le délégué pour le Réseau national de sécurité (RNS), le défi posé par la radicalisation de personnes vivant dans notre pays dépasse le domaine des organes de sécurité. Le récent rapport sur les mesures de prévention de la radicalisation publié par le Réseau national de sécurité mentionne au chapitre de ses recommandations que les compétences médiatiques ainsi que la capacité à utiliser internet et les médias sociaux doivent être approfondies chez les jeunes, leurs parents et le corps enseignant (communiqué du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) du 4 juillet 2016).
Ainsi, l’enjeu de société que représente l’éducation aux médias est maintenant reconnu hors des milieux de l’éducation et de l’économie, il devient un objectif de sécurité nationale.
Toutefois, seuls les jeunes sont envisagés par le Département de la défense (DDPS) comme des cibles potentielles de la propagande terroriste alors que la plupart des adultes consomment des contenus numériques et font un usage intense des médias sociaux. Par ailleurs, les atteintes à la sécurité nationale peuvent prendre de multiples formes hors le terrorisme, comme l’espionnage, le chantage, la propagation virale de rumeurs. Cela concerne aussi bien les individus de tous les milieux et de tous les âges qui exposent leur vie privée sur la Toile, que les foules réunies par des liens numériques. Il faut donc proposer à l’ensemble de la population, au-delà du cercle familial et scolaire, la possibilité de développer la capacité d’être critique vis-à-vis de tout dispositif et contenu médiatique. Les moyens de s’informer et de communiquer changent, toutes et tous doivent avoir l’opportunité d’approfondir leurs connaissances en la matière. Pour ne pas être piégé-e sur le Net.
(Lire mon article: «Le maillon faible de la politique de sécurité et de défense de la Suisse», 22 septembre 2020.)
Modèle pour citer cet article:
Domenjoz J.-C., «Les compétences médiatiques enjeu de sécurité nationale», Éducation aux médias et à l’information [en ligne], 18 juillet 2016, consulté le date. https://educationauxmedias.ch/les-competences-mediatiques-enjeu-de-securite-nationale
Cet article concerne le domaine Médias, images et technologies de l’information et de la communication (MITIC) – Éducation aux médias et à l’information (EMI) – Media and Information Literacy (MIL) | Éducation numérique | educationauxmedias.ch