RTSreligion, la grande confusion

L’information concernant les faits religieux peut-elle être assurée conjointement par la RTS et les églises?

Article publié initialement dans mon blog «Education et médias» (portail de L’Hebdo) le 27 novembre 2015. Cette chronique a été publiée dans L’Hebdo du 3 décembre 2015.

La Radio Télévision Suisse (RTS) prévoit de supprimer plusieurs magazines religieux pour économiser 40% du budget alloué à la rédaction spécialisée RTSreligion. Les émissions radio «A vue d’esprit» et «Hautes fréquences», ainsi que le magazine TV «Faut pas croire» devraient disparaître de la grille des programmes. Le licenciement de journalistes très compétent-e-s est à craindre (lire l’article).

Cette annonce, faite quatre jours seulement après le second attentat terroriste survenu cette année à Paris est difficile à comprendre et tombe au plus mauvais moment. En effet, l’information et la réflexion concernant les «faits religieux» apportées par les excellents programmes que la RTS veut supprimer contribuent à mieux comprendre les phénomènes sociaux qui comportent une dimension religieuse. C’est ce que le mandat de la concession octroyée à la SSR idée suisse spécifie.

Dans cette période de violence aveugle et de confusion des valeurs, il est nécessaire de développer encore et toujours la capacité à penser par soi-même, sans préjugés, en mettant en question ses croyances, le premier impératif des Lumières. C’est une des missions fondamentales de l’école. C’est aussi le rôle des médias. Les programmes de la RSR contribuent, en conformité avec son mandat, à la libre formation de l’opinion publique en mettant à disposition une information diversifiée de qualité. Cette tâche est réalisée principalement par RTSreligion, une entité qui résulte d’un partenariat entre la RTS, organisme de service public, et les organes médiatiques des églises réformées et catholiques de Romandie (Médias-Pro et Cath-Info). L’enchevêtrement des responsabilités entre ces institutions amène une confusion fâcheuse. En effet, les deux organismes confessionnels, porte-voix des églises, sont les employeurs des journalistes et les producteurs des programmes, alors que les moyens techniques et les coûts éditoriaux sont assumés par la RTS. Cette situation s’explique historiquement. Elle n’en pose pas moins problème.

C’est ainsi que les contenus d’information et de réflexion cohabitent avec les retransmissions d’offices religieux dans les pages de RTSreligion. Le fait religieux considéré comme un phénomène humain observable est associé dans le même ensemble rédactionnel avec l’expression des aspects communautaires des églises. Quelle confusion! Ne faudrait-il pas donner la responsabilité exclusive de ce centre de compétences à la RTS?

Non, il ne faut pas affaiblir mais au contraire renforcer la rédaction qui concerne le domaine religieux et couper les liens institutionnels avec les églises réformées et catholiques. La mission de service publique de la RTS en sera renforcée.


Références
> La RTS va économiser 6,9 millions dans ses programmes, L’Hebdo (ATS), 17 novembre 2015.
> Concession octroyée à SRG SSR idée suisse (Concession SSR) du 28 novembre 2007 (état au 1er juin 2013).
> Portail RTSreligion.ch, Radio Télévision Suisse (RTS).
> Médias-pro, Conférence des Eglises Réformées Romandes.
> Cath.ch, Portail catholique suisse.


Modèle pour citer cet article:
Domenjoz J.-C., «RTSreligion, la grande confusion», Éducation aux médias et à l’information [en ligne], 27 novembre 2015, consulté le date. https://educationauxmedias.ch/rtsreligion-la-grande-confusion


Cet article concerne le domaine Médias, images et technologies de l’information et de la communication (MITIC) – Éducation aux médias et à l’information (EMI) – Media and Information Literacy (MIL) | Éducation numérique | educationauxmedias.ch

Auteur/autrice : Jean-Claude Domenjoz

Expert de communication visuelle et d’éducation aux médias